Bismillâh ar-Rahmân ar-Rahîm
Au nom d'Allâh le Tout-Miséricordieux le Très-Miséricordieux
Maladie et mort du Prophète
– que la prière et le salut soient sur lui –:
En l’an XI de l’Hégire, le père de Fâtima
se plaignit d’un mal qui le faisait souffrir. Les membres de la Maison et les musulmans pensaient que ce n’était qu’un mauvais moment à passer et, ensuite, tout rentrerait dans l’ordre. Personne ne se doutait que cette maladie allait l’entraîner vers la mort. Mais Fâtima
sentit qu’un incendie brûlait son cœur. Elle se rappela le moment où elle se rendit chez son père qui se trouvait dans la chambre de ‘Aïsha
. Après que son père, affaibli par sa maladie, l’embrassa et la fit asseoir à sa droite, il lui fit comprendre que sa vie avait atteint son terme. Elle éclata en sanglots et pour la consoler, il lui dit :
Tu seras la première des membres de ma Maison qui me rejoindra dans la tombe.
Il ajouta : N’accepterais-tu pas d’être la sayyida de cette Communauté ?
Fâtima
sourit et rit même de cette nouvelle. ‘Aïsha
, qui rapporta cette scène, dit qu’elle n’avait jamais vu une joie aussi proche de la tristesse. Elle demanda à Fâtima
la raison de ce changement brusque d’humeur. Celle-ci lui avait répondu sur le moment qu’elle ne pouvait pas dévoiler un secret que le Prophète – que la prière et le salut soient sur lui – lui dévoilait. Après quoi, elle se rendit chez elle, tranquillisée de l’amélioration de la santé de son père.
Quelques jours après, elle apprit que la maladie de son père empira. La peur se mêla à l’angoisse. Aussi se précipita-t-elle chez lui, sentant une douleur au cœur, comme si cet organe allait se détacher de sa poitrine et tomber par terre. En arrivant, elle l’aperçut, armé de résistance, allant d’une de ses épouses à l’autre jusqu’au moment où il arriva le tour de Maymouna
. Il demanda à cette dernière de demeurer chez ‘Aïsha
pendant la période de sa maladie.
De son côté, Fâtima
entoura son père de toute son attention ne cessant pas d’implorer Allâh de renforcer son courage et sa patience.
Fâtima
sentit que l’état de son père empirait quand elle le vit prendre de l’eau de sa main et le renverser lentement sur sa tête. Elle l’entendit lui dire de ne pas être triste après sa mort. Quelques temps après, l’Envoyé d’Allâh – que la prière et le salut soient sur lui – quitta ce monde, les musulmans et les êtres les plus chers de sa famille.
Fâtima
s’évanouit. Elle ne sortit complètement de son évanouissement qu’après le serment d’allégeance prêté à Abû Bakr
, soit 48 heures après la mort de son père. Elle alla se recueillir sur sa tombe et revint à la maison où elle fut accueillie par Anas Ibn Mâlik
, le serviteur de l’ Envoyé d’Allâh – que la prière et le salut soient sur lui. Celui-ci ne pouvait que lui demander de se montrer patiente à la suite de cette perte qui a endeuillé toute la Communauté musulmane. Elle lui répondit :
Comment ton cœur t’a permis d’abandonner à la terre le cadavre de l’Envoyer d’Allâh ?
Mâlik
éclata en sanglots. Il ne pouvait pas contenir ses larmes alors qu’il conseillait la patience à d’autres. Entre temps ‘Alî
arriva et lui fit part que beaucoup de musulmans déclaraient que le califat aurait dû lui revenir. C’est qu’il a été élevé par le Prophète – que la prière et le salut soient sur lui. Il était le fils de son oncle paternel et le mari de sa fille. En outre, il y avait dans al-Hassan
et al-Husayn
l’odeur du Sceau des envoyés. De plus, il a été le premier des hommes à avoir embrassé l’Islâm. Il a été, de surcroît, de toutes les batailles menées par son beau-père, batailles au cours desquelles, il fit preuve d’un grand courage.
Il est également à signaler que lorsqu’en arrivant à Médine, le Prophète – que la prière et le salut soient sur lui – a donné à chaque Muhâjir un frère parmi les Ansârs. Quant à lui, il a pris ‘Alî
pour frère. A un moment donné, il a dit, s’adressant à son beau-fils :
Tu es pour moi, ce qu’Aaron était pour Moïse. Et : Toi, tu es de moi, et moi je suis de toi.
Cependant, les décisions s’étaient précipitées. Non seulement, l’Islâm n’avait jamais prescrit que le califat devait être héréditaire, mais il était trop tard pour revenir sur le premier serment d’allégeance accordé à Abû Bakr
. Ce fut ce que des Compagnons avaient dit à Fâtima
:
Ô fille de l’Envoyé d’Allâh ! Notre serment d’allégeance a été donné à Abû Bakr. Si ton mari, fils de ton oncle paternel, s’était présenté plus tôt à nous, nous n’aurions pas préféré un autre à lui.
Mais ‘Alî
avait répondu à cet argument :
Devais-je abandonner l’Envoyer d’Allâh dans sa maison sans l’enterrer et sortir pour disputer le pouvoir à d’autres ?
Abû Bakr
demanda à ‘Umar
de l’accompagner chez Fâtima
afin de la convaincre d’accepter le fait accompli, d’autant plus, qu’en sa qualité de premier calife de l’Islâm, il lui avait refusé d’hériter de son père, partant du principe qu’on n’hérite pas des prophètes. Arrivé sur les lieux, Abû Bakr
prit la parole en disant :
Ô bien aimé de l’Envoyé d’Allâh ! Par Allâh ! Ta parenté à l’Envoyé d’Allâh est meilleure, pour moi, que ma parenté. Mon affection pour toi est plus forte que celle que je porte à ma fille ‘Aïsha. Le jour où ton père est mort, j’aurais aimé mourir ce jour-là et ne pas rester en vie après lui. Je reconnais ton mérite et ta dignité. Si je t’ai privé d’hériter de l’Envoyer d’Allâh, c’est parce que je l’ai entendu dire, parlant des prophètes :
« Personne n’hérite de nous. Ce que nous possédons doit être distribué en aumônes ».
Il ne semble pas que les historiens aient mentionnée que Fâtima
s’efforça par la suite à revendiquer ce qui lui apparaissait comme son bien. Par contre, ils signalent qu’elle s’isola dans sa tristesse et son deuil, pleurant la mort de son père. Il ne lui restait plus qu’à le rejoindre ainsi qu’il le lui avait annoncé quelques temps avant d’aller à la rencontre de son Créateur.
Ce fut ainsi que le lundi, le deuxième jour du mois de ramadân, an XI, Fâtima
embrassa les membres de sa famille, emplissant ses yeux de larmes chaudes. Puis, elle appela Umm Râfi’
, la protégée de son père et lui dit, d’une voix basse, à peine perceptible, de lui préparer de l’eau. Elle se lava ainsi qu’elle le faisait elle-même auparavant, vêtit des habits neufs, remplaçant ceux du deuil qu’elle portait, puis elle dit à Umm Râfi’
de poser sa literie au milieu de la chambre. Elle s’allongea, ferma les yeux et s’endromit. Ce fut ainsi qu’elle mourut.
‘Alî
l’ensevelit en pleurant et l’enterra dans le cimetière al-Bâqî’. Il lui fit ses adieux et retourna, l’air abattu, dans cette maison devenue lugubre depuis la disparition de son épouse.
Ainsi les événements du monde évoluent et changent mais Fâtima,
« la mère de son père », remplit encore la vie à travers ses enfants et la famille de l’Envoyé d’Allâh – que la prière et le salut soient sur lui.
[Extrait de Kitâb al Shifâ]
Al Hassan al Basrî - qu'Allâh lui fasse miséricorde - disait :
Que celui qui veut boire avec la coupe parfaire du Bassin de l'Elu (sallallâhu 'alayhi wa sallam) dise :
Ô Allâh ! Accorde la grâce à (notre maître) Muhammad,
à sa famille, à ses Compagnons,
à ses enfants, à ses épouses,
à ses déscendants, aux Gens de sa Maison,
à ses alliées, à ses partisans,
à ses auxiliaires, à ses disciples,
à ses adeptes, à sa Communauté ainsi qu'à nous.
Ô Le Plus Miséricordieux des miséricordieux !
Allâhumma salli ‘alâ (sayyidina) Muhammadin
wa ‘ala âlihi wa ashabihi
wa awladihi wa azwâjihi
wa dhurriyyatihi wa ahli baytihi
wa as-harihi wa ansarihi
wa achya-‘ihi wa muhibbihi
wa ummatihi wa ‘alayna ma‘ahum ajma‘ina
yâ arhamar-rahimîn